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Dans le cadre de sa saison culturelle 2015, le Domaine de Fonds Saint-Jacques (Sainte-Marie, Martinique) accueillait le colloque international interdisciplinaire « Poétique et politique de l’altérité : colonialisme, esclavagisme, exotisme dans la littérature et les arts (XIIe-XXIe siècles) » les 12 et 13 mars derniers. Cette manifestation scientifique a réuni une douzaine d’intervenants venant d’Europe, d’Amérique du Nord et des Antilles sous l’égide du Centre de Recherche Interdisciplinaire en Lettres, Langues, Arts et Sciences humaines (CRILLASH-Université Antilles) et du laboratoire Scène du Monde (Université Paris 8).
Durant deux jours, c’est la Purgerie du Centre culturel de rencontre qui a été le théâtre des présentations des spécialistes et de leurs échanges sur les représentations de l’altérité dans la culture de langue française. Quelles ambivalences structurelles ? Quelles contradictions idéologiques ? Quelles instrumentalisations socio-politiques ? Autant d’interrogations qui, à travers l’analyse de spectacles, de films, de catalogues, de livrets, d’entretiens, de prospectus touristiques, etc., ont trouvé des éléments de réponse sur les permanences et les ruptures dans les constructions de l’Autre dans les univers symboliques, culturels et sociaux français et francophones. Coline-Lee Toumson-Venite, la directrice du Domaine de Fonds Saint-Jacques, co-organisatrice du colloque, se félicite de sa tenue en « ce lieu de rencontre que nous souhaitons mettre à la disposition de projets interdisciplinaires et internationaux interrogeant identités et sociétés caribéennes ».
Dans ce même espace-temps de discussions universitaires, projections documentaires, représentations chorégraphiques et spectacles vivants se sont ouverts sur les divers régimes de représentations de l’altérité pour aussi les interroger. Notons le work in progress « Conférence dansée » des chorégraphes Sonja Dumas (Trinidad) et Christiane Emmanuel (Martinique), le Seule en scène « Mary Prince »de la comédienne Souria Adèle (France). Notons aussi la prestation danse/théâtre « Pas de deux et d’ailleurs » de l’étudiante Malika Mian et de l’enseignant-chercheur Karine Bénac-Giroux (Université des Antilles), ce qui fait dire à cette dernière également co-organisatrice de ces rencontres : « Je crois que nous avons partagé un vrai grand moment d'amitié au-delà des propos scientifiques, dans un cadre qui se prêtait parfaitement à une telle réflexion et ne pouvait que nous encourager à aller toujours plus loin dans nos rencontres et nos propositions artistiques ou intellectuelles ».
Ouvert très officiellement mercredi 11 mars sur le magnifique site de l’Habitation Saint Aubin à Sainte-Marie, ce colloque a tenu ses promesses. Il faut saluer ici, la performance des organisateurs qui ont su mêler, expressions des chercheurs, celles des artistes, celles des amoureux des arts et autres profanes. Au vu des enjeux renouvelés sur les questions du vivre ensemble dans des contextes contemporains troublés, cette problématique de l’altérité a encore de beaux jours devant elle.
Rappelons pour terminer que ce colloque international interdisciplinaire s’inscrit dans un programme de recherche sur la rémanence des stéréotypes raciaux dans l’art contemporain. Il fait suite à la journée d’études « Les stéréotypes raciaux dans les imaginaires européens et américains, 17e et 21e siècles : constructions, dépassements, rémanences ». L’ensemble de la manifestation devrait bientôt être accessible en ligne, depuis l’adresse http://www.manioc.org/ de la bibliothèque numérique Caraïbe, Amazonie, Plateau des Guyanes.
Olivier Pulvar